L’égalité femmes-hommes est un écosystème. Tout est lié : les enjeux du contexte, les différents groupes d’acteurs et actrices, les visions politiques (y compris budgétaires), les pratiques organisationnelles et l’opérationnalisation des politiques, programmes et projets.

L’écosystème (en traduction littérale « la toile de l’institutionnalisation du genre), est notre outil fétiche pour travailler l’écosystème de l’égalité. Cet outil nous sert à décrypter l’écosystème des organisations (interne et externe), à repérer les forces et les faiblesses à l’oeuvre pour l’égalité femmes-hommes. Nous l’utilisons combiné à d’autres outils lors des formations, pour analyser des projets/programmes, évaluer ou planifier des actions et des stratégies. L’outil permet aussi de passer du diagnostic à la planification de politiques et d’actions et à leur évaluation.
Explications sur l’outil : En 1996, Prof. Caren Levy du Development Planning Unit (University College London) a publié « The web of gender institutionalization », une approche systémique de la prise en compte de l’égalité qui tient compte de quatre dimensions :
- La dimension socio-culturelle : Les réalités, expériences et besoins des femmes et des hommes ne sont ni uniformes ni statiques. A l’instant T du démarrage d’un travail sur le genre, que savons-nous des inégalités dans le contexte de l’intervention? De quelles données – quantitatives et qualitatives – sur les disparités femmes-hommes disposons-nous : démographie, économie, rôles sociaux, participation politique, violences, accès aux services publics etc.? Savons-nous interpréter ces données? Comprenons-nous quels facteurs individuels (revenus, classe sociale, âge, statut marital, handicap etc.) et collectifs (stéréotypes et représentations socio-culturelles, religion, lois, crises, situation économique, gouvernance, activisme de la société civile) se conjuguent pour faire plus ou moins de place à l’égalité femmes-hommes dans le contexte donné ? Savons-nous ce qui a changé au fil des ans (vers plus ou moins d’égalité) « sur le terrain » et savons-nous pourquoi?
- La dimension politique : Les responsables politiques (élu·es ou non, au niveau national ou communal), les orientations des politiques et des finances publiques (y compris décentralisées), les lois nationales (coutumières et/ou constitutionnelles), les cadres normatifs internationaux ou régionaux etc. peuvent représenter des leviers et/ou des freins pour l’égalité femmes-hommes dans un contexte donné. La politique, le politique et les politiques publiques influence la vie « des gens », c’est leur but. Seulement voilà … souvent la vie des femmes et des hommes n’est pas affectée de la même manière parce que les femmes et les hommes ne sont pas « au même endroit » dans la société, n’ont pas les mêmes prérogatives, privilèges pouvoirs, libertés (réelles ou symboliques). Quand le/la/les politiques sont aveugles au genre, les droits des femmes ne sont pas respectés et leur situation empire. Savons-nous ce qui, dans cette dimension politique, entrave ou favorise l’égalité entre les sexes
- La dimension organisationnelle : Les institutions et organisations (onusiennes, intergouvernementales, privées, associatives) sont comme les parlements, les conseils communaux ou les ministères. C’est quand leurs dirigeant·es, leur personnel, leurs procédures, leurs outils, leurs processus et leurs budgets sont sensibles à l’égalité femmes-hommes qu’elles sont en mesure de livrer des programmes et projets qui apportent des réponses positives significatives pour les femmes, et, c’est l’essentiel, qui accompagnent dans la durée la transformation des rapports de pouvoir entre les sexes. Pouvons-nous repérer, dans nos organisations, ce qui devrait changer pour dynamiser (et non dynamiter) l’égalité femmes-hommes ?
- La dimension opérationnelle : A priori, en dernier ressort, les politiques, programmes et projets, quel(s) qu’en soi(en)t le ou les porteurs, ont pour but d’améliorer le quotidien des citoyen·nes en assurant le bon fonctionnement des secteurs (sociaux ou économiques) qui les concernent et des conditions (environnementales, sanitaires, démocratiques, sécuritaires etc.) des espaces dans lesquels elles et ils vivent. La façon de mettre en oeuvre les interventions, mais aussi de cibler et mener la recherche, d’évaluer les impacts, de repérer les bonnes/mauvaises pratiques et de communiquer jouent sur l’égalité femmes-hommes. Dans toutes les actions qui entourent la mise en oeuvre, quelle place est faite à l’égalité femmes-hommes ? Si on changeait nos modes de faire, pourrait-on avoir plus d’incidence durable sur les inégalités ?
Les inégalités, comme l’égalité femmes-hommes, prennent racine dans un écosystème. Chaque personne peut faire bouger l’écosystème de son organisation et chaque organisation peut impacter son écosystème territorial. Alors … Où en est votre écosystème sur l’égalité femmes-hommes? Et où êtes-vous dans cet écosystème?
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